- CHRISTINE (reine de Suède)
- CHRISTINE (reine de Suède)CHRISTINE (1626-1689) reine de Suède (1632-1654)Fille unique de Gustave II Adolphe, Christine lui succède, après sa mort à Lützen; elle est «élue» reine, à six ans, le 14 mars 1633. Elle est élevée par le théologien Johannes Matthiae pendant la régence d’Axel Oxenstierna, et une formation trop virile déséquilibre cette Vasa exceptionnellement douée.Siégeant au Conseil dès 1640, elle régnera personnellement de 1644 à 1654, prenant ses distances à l’égard du chancelier Oxenstierna soupçonné de vouloir limiter la monarchie par la Constitution aristocratique de 1634. Avec l’aide d’Adler Salvius, elle hâte la conclusion de la paix de Westphalie (1648) assurant à la Suède la maîtrise de la Baltique.Développant l’enseignement, elle entend faire de Stockholm l’Athènes du Nord en y attirant l’élite intellectuelle de l’Europe: historiographes et juristes strasbourgeois et hollandais tels Beoclerus, Schefferus, Freinsheim, Grotius, Heinsius, Vossius, libertins érudits comme Saumaise, Naudé, enfin Huet, Descartes et des artistes. Le baroque importé, le faste des fêtes s’accordent mal au luthéranisme austère du Nord. Ses collections, sa cour absorbent, en 1653, 12,3 p. 100 des revenus publics, l’entraînant à multiplier les aliénations de terres de la Couronne. Elle vend ou engage des domaines royaux. Par cessions, donations, hypothèques, les ressources du royaume sont réduites de 32 p. 100, et 433 nouvelles maisons nobles sont créées pour lutter contre la haute noblesse, création qui de plus lui assure une clientèle politique et sociale. Cependant, l’amoindrissement de la paysannerie libre accentue le mécontentement des ordres inférieurs contre l’aristocratie accapareuse de biens, privilèges et monopoles. La réduction que propose Christine au Riksdag de juillet 1650 lui rallie les non-privilégiés et exaspère la noblesse. Cet antagonisme lui permet de faire reconnaître comme successeur au trône son cousin le Palatin Charles-Gustave des Deux-Ponts. Christine se convertit au catholicisme. Face au malaise économique et social, elle abdique le 16 juin 1654. Elle fait sensation dans Rome, et scandalise Fontainebleau (1657). Protectrice de Scarlatti et de Corelli, elle s’éteint à Rome, abîmée dans le mysticisme.
Encyclopédie Universelle. 2012.